Depuis 2019, au cœur de la cordillère des Andes, à 2750 mètres d'altitudes, un groupe de jeunes femmes se revendiquent "Cholitas" sur leurs planches. "Cholitas" est un terme qui désignait autrefois avec mépris les femmes d'ascendance indienne d'Amérique du Sud. Le skateboard jusqu'alors très largement pratiqué par les garçons est devenu un symbole d'émancipation et de liberté pour ces femmes qui souhaite représenter et sauvegardé leur culture et leur histoire.
La présidence d’ Evo Morales, premier président autochtone de Bolivie, a marqué un tournant dans la revalorisation des cultures des indigènes boliviennes. La nouvelle constitution reconnaît officiellement 36 langues autochtones et donne aux autochtones de la nation des droits plus étendus, comme la propriété foncière communale. Seulement la discrimination et le racisme envers la culture chola ne sont pas des problèmes que la société bolivienne conservatrice a réussi à surmonter.Il n’y a pas si longtemps, il était quasi impossible qu´une chola entre dans un studio ou un hôtel cinq étoiles. Elles se voyaient refuser l’accès à certains restaurants, taxis, et même certains bus publics.
En signe de protestation et d'intégration de leur culture, elles choisissent de rider en tenue traditionnelle des femmes indigènes de l'Altiplano : des nattes, un chapeau, un corsage et surtout la pollera (jupe très colorée couvrant des jupons de dentelle). Seul élément qui vient nous rappeler la mondialisation du skate, une paire de Vans en guise de chaussure de skate.
Afin de démocratiser le skate et la façon dont les "Cholitas" le perçoivent, un collectif de skateuse bolivienne, c'est créé : Imillaskate (jeune femme/fille en langues Quechua et Aymara)
Né à Cochabamba en 2019 ImillaSkate, à pour projet d'unir la vie quotidienne régionale et le skate. Il s’agit d’une fusion de la culture quechua avec le skateboard street. Le collectif propose des démonstrations à l'occasion de fêtes locales et anime régulièrement des ateliers d'initiation auprès des enfants défavorisés des Andes péruviennes.
Les Imillas modifient un espace largement masculin en s'intégrant et en s'appropriant cette discipline. Revendiquant l'émancipation féminine en occupant de nouveaux espaces sans perdre leur identités et leurs racines. Présente sur les réseaux sociaux avec plus de 18 000 abonnées Instagram et une page YouTube. Elles y partagent des vidéo de skate avec d'autres collectif de femme boliviennes.